Les larmes du monde sont en quantité constante. Pour chaque personne qui pleure ailleurs, une autre s'arrête.
Tout commence dans un noir profond. On entend des pas. Sur scène, il y a un arbre et une pierre. C’est Beckett qui l’a décidé, qui a décidé dans ses didascalies plus que précises.
Cette version de En attendant Godot est d’ailleurs la plus aboutie, celle que le maître avait remaniée. Le texte dit pour le début : « Estragon est sur le sol. Il appartient à la pierre. Vladimir est lumière. Il est orienté vers le ciel. Il appartient à l’arbre. » Et c’est ce qu’on voit. Tout est écrit, maintenant, il faut le jouer et bien le jouer.
Le quatuor de comédiens est époustouflant : ce sont tous des monstres de plateaux. Pour Denis Lavant et Jacques Bonnafé qui ne quittent jamais la scène, c’est un tour de maître. Lavant, qui a si souvent joué les égarés sous les ponts, incarne un Estragon attachant, cassé par la vie. Bonnafé, lui, est un tendre penseur, lucide au milieu du néant.
Mise en scène Jacques Osinski
Scénographie Yann Chapotel
Lumières Catherine Verheyde
Costumes Sylvette Dequest
Dramaturgie Marie Potonet